C’est ce qu’ont notamment révélées les tables rondes organisées par la CAPEB en février dernier.

Les constats sont simples :

• Les métiers du bâtiment souffrent d’une pénurie de main d’œuvre
• Les entreprises du bâtiment doivent s’adapter aux réglementations environnementales et à la modernisation des technologies numériques
• Les clients sont en attente de performance énergétique
• La génération Z (1996-2012) qui arrive sur le marché du travail est en quête de sens, particulièrement soucieuse des questions d’éco-responsabilité, et désireuse d’apporter sa contribution à un monde plus durable (pour rappel, le secteur du bâtiment génère jusqu’à 25% des émissions de CO2 dans le monde).

Cette conjonction des attentes du marché et des aspirations de cette jeune génération est une opportunité unique pour rendre attractives les entreprises du bâtiment et accompagner un secteur tout entier, vers l’écoconstruction et les métiers de demain.

120 000 emplois seront spécifiquement à pourvoir dans le cadre de la Stratégie Energie Climat menée par l’Etat d’ici 2030.

Les acteurs de la formation engagés dans l’écoconstruction

Les acteurs de la formation ont parfaitement compris la nécessité de former leur public jeune et en reconversion, aux métiers liés à l’écoconstruction.

Sur notre territoire de la Nouvelle-Aquitaine, le PERF a récemment ouvert une formation « Ouvrier en Ecoconstruction » dans ses locaux de Tarnos (40). Cette proposition de formation pour ce nouveau métier, qui est une conjonction des métiers de maçon et de charpentier, fait le plein ! L’ouvrier en Ecoconstruction exécute des travaux de construction ou de rénovation d’habitat individuel ou de petit collectif en intervenant plus particulièrement sur les propriétés thermiques du bâtiment, en intégrant la notion de sobriété énergétique et de bilan carbone. Cette formation polyvalente en écoconstruction permet d’obtenir un Certificat de Qualification Professionnelle de niveau 3, reconnu par la Fédération Eco-construire.

Le PERF dispense également des formations en écoconstruction plus courtes telles la construction terre crue, l’application chaux chanvre, les matériaux biosourcés, et l’isolation paille, qui séduisent les candidats déjà en activité soucieux de compléter leurs savoirs d’une empreinte plus éco-responsable.

A l’Ecole Française de Décor, présente notamment à Bordeaux (33), « les techniques anciennes sont inscrites transversalement sur l’ensemble des modules. C’est le fil rouge de la formation en peinture décorative. » Composer ses peintures à base de matériaux naturels tels la chaux, l’huile de lin, l’œuf, les sables, les poudres de marbre, la gomme arabique, … fait partie de l’ADN de l’Ecole, pour un environnement plus sain et plus agréable. Ce qui se passe à l’intérieur de la maison fait aussi partie de l’écoconstruction !

La formation aux Métiers de l’Electricité et à ses Environnements connectés proposés par le Lycée du Haut Val de Sèvres à St Maixent l’Ecole (17), comporte le paramétrage, l’installation et l’assurance de la maintenance d’équipements domotiques, pour des maisons plus sûres, plus intelligentes, plus confortables et plus écologiques. La maîtrise de l’énergie est au cœur même de ce métier et de la formation dispensée.

Les aspects liés au développement durable sont traités tout au long des formations dans le bâtiment proposées par l’AFPA de Caudéran (33) et l’AFPA de Rochefort (17). Il s’agit notamment d’apprendre à optimiser les matériaux pour limiter les déchets (le bâtiment est parmi les plus gros secteurs d’activité générateurs de déchets), assurer le tri sélectif et la traçabilité des déchets, limiter et valoriser les chutes, préserver la performance énergétique des bâtiments.

Valoriser les chutes et limiter les déchets, font aussi partie des principes de la Société Philomathique de Bordeaux, notamment dans les formations en menuiserie.

L’écoconstruction englobe tous ces aspects.

Le choix des matériaux et des fournisseurs : au cœur de l’écoconstruction

Le choix des matériaux et par là-même, l’offre et l’éthique des fabricants et fournisseurs sont au cœur de l’écoconstruction.

Les matériaux biosourcés sont les matériaux issus de la matière organique renouvelable (biomasse), d’origine végétale (paille, bois, chanvre, ouate de cellulose, textile recyclé, liège, lin) ou d’origine animale (laine de mouton, plumes de canard) et utilisés comme matière première dans des produits et matériaux de construction et de décoration.
Leurs applications dans le bâtiment sont nombreuses, et leurs disponibilités importantes sur notre territoire.

En ne prenant que l’exemple du bois, celui-ci est un puissant isolant thermique, naturel et renouvelable. Son utilisation dans le bâtiment a été multiplié par 4 en 10 ans. L’utilisation conjointe du bois et du plâtre, matériau durable, permet de réaliser des murs intérieurs et extérieurs, et de gagner en performance énergétique.

L’utilisation des matériaux biosourcés est autant valable dans le bâti, que dans le second œuvre.

Depuis plusieurs années, Unikalo, fabricant de Nouvelle-Aquitaine de peinture, propose à ses clients une gamme de peintures à base de composants naturels et renouvelables. Ces peintures sont composées d’une résine végétale à 98% de carbone biosourcé. La gamme Naé a pour objectif d’améliorer la qualité de l’air intérieur tout en réduisant son impact négatif sur l’environnement tout au long de son cycle de vie. Une peinture d’intérieur sans odeur et sans composés cancérigènes, à la fois pendant et après application, et contribue au bien-être et au confort de vie tant des artisans que des clients finaux.

Accompagner dans la mise en œuvre, la valorisation et la mutualisation des pratiques d’écoconstruction : les acteurs de l’écoconstruction

Les acteurs agissant en faveur de l’écoconstruction sont nombreux. Nous faisons le choix de ne vous en présenter que quelques-uns.

L’engagement de notre Région de la Nouvelle-Aquitaine au travers de sa feuille de route dédiée à la transition énergétique et écologique Neo Terra est particulièrement fort. Certainement en partie dû au fait que notre région est à la fois un territoire riche en ressources, mais aussi particulièrement vulnérable et soumis au changement climatique.
Néo Terra se décline en 11 objectifs parmi lesquels : « urbanisme durable » ou « Objectif zéro déchet » qui se traduisent eux-mêmes en engagements et font l’objet d’actions concrètes de soutien et de valorisation des initiatives territoriales en faveur de l’écoconstruction portées par des acteurs privés, publics, et associatifs.

Parmi toutes les associations, il y a Bâthestia qui favorise l’écoresponsabilité dans le secteur du bâtiment pour le territoire de la Haute Lande. L’association a développé un projet, Bâthestia Récup’, une structure dédiée au réemploi des matériaux, qui comprend notamment une unité de collecte des déchets de chantier pour les professionnels du bâtiment, une boutique “recyclerie matériauthèque” où chacun peut acheter des matériaux à bas coût ou déposer les matériaux au lieu de les jeter, une unité de collecte et préparation au recyclage des menuiseries.

Autre association … autre objet, mais une volonté identique de valoriser l’écoconstruction : Chapeau et Bottes, basée à Saint-Sève (33), se donne pour mission de transmettre les savoir et savoir-faire des techniques en terre crue grâce à une pédagogie « par le faire ». Chapeau et Bottes organise également des workshops, stages et événements sur la découverte du matériau terre crue et des techniques d’écoconstruction. L’association mène des actions de sensibilisation, et consacrait il y a quelques mois, une exposition à l’architecte Didi Contractor, figure de l’écoconstruction, dont les œuvres sont faites de bambou, d’argile, d’ardoise et de galets.

L’écoconstruction : des méthodes et des choix portés par les Artisanes de BatiFemmes

Les artisanes de BatiFemmes sont particulièrement soucieuses de la qualité environnementale et des économies d’énergie, et ce, quel que soit leur métier.

Aussi, continuer à se former aux techniques liées à l’écoconstruction, s’entourer des bons fournisseurs, choisir ses matériaux, participer à des initiatives collectives, font partie de leur quotidien.

Isabelle, peintre, continue à se spécialiser dans les techniques de décoration naturelle et l’utilisation de matériaux comme la chaux, les glacis à l’œuf, la caséine, les pigments nacrés, au même titre qu’une autre Isabelle, maçonne du bâti ancien, consacre du temps à se perfectionner dans les techniques des enduits.

Emilie, menuisière, en nous ouvrant les portes de son atelier, nous montre immédiatement les tasseaux de bois récupérés çà et là …. Et qu’elle utilise pour ses réalisations.

Quant à Helen, plombière, elle nous dit très simplement : « C’est super important l’environnement. Je m’informe régulièrement sur : comment faire de la plomberie pour économiser de l’eau et de l’énergie ? On est à l’avant-garde de tout cela. »

Leur volonté commune de réduire leur empreinte carbone, consiste également à limiter leurs déplacements et le choix de leurs chantiers à un périmètre donné.

Leur engagement éco-responsable est profond et en pleine adéquation avec leurs valeurs : elles ont fait le choix de métiers manuels pour en voir les résultats immédiats, elles aiment travailler simplement, sans intermédiaire, et leur motivation réside à apporter bien-être, confort et plaisir à leurs clients dans leurs habitats quotidiens.

L’écoconstruction n’est pas une opportunité ou juste du greenwashing, mais bien une vraie raison de faire et d’être !